Le rattachement de la Sarre à la France ne dépend plus que de la réponse soviétique

La position de M. Bevin sur la Ruhr

Pratiquement, l'un et l'autre n'ont fait qu'une seule réserve. Le territoire transféré serait uniquement le territoire sarrois telles que les limites en étaient fixées en 1939. Georges Bidault devait reprendre la parole pour montrer que quelques extensions, d'ailleurs très limitées – plus limitées même que le gouvernement français l'avait primitivement prévu – sont nécessaires. Le fait que sur la question, vitale pour nous, de la Sarre, une décision pourrait intervenir à bref délai a un peu éclipsé le reste de la discussion. Certains points sont à retenir pourtant. Au sujet de la Ruhr, M. Bevin a une fois de plus refusé tout contrôle quadripartite tant que durera l'occupation, sauf « en cas de réciprocité » (ces mots visent évidemment la Haute-Silésie). Il a, en outre, indiqué qu'il examinerait avec bienveillance les demandes de rectifications territoriales présentées par les puissances secondaires et qu'il soutiendrait plus particulièrement les revendications des Pays-Bas.

Quant à M. Marshall, il a admis que lorsqu'un gouvernement allemand aurait été constitué, « il pourrait être nécessaire de prévoir des dispositions spéciales pour la Ruhr ». Mais de toute façon, le centre d'intérêt de cette réunion a été la question de la Sarre, liée, comme chacun sait, à la question du charbon.

Comme Georges Bidault l'a d'ailleurs rappelé, c'est avant tout pour avoir du charbon que nous demandons ce rattachement économique.

Que voudra M. Molotov ? Grâce à l'initiative généreuse du général Marshall, grâce à l'attitude bienveillante de M. Bevin, le sort de nos foyers, de nos usines est désormais entre ses seules mains. S'il y consent, la Conférence de Moscou peut ne pas avoir été infructueuse.